La polymédication chez les séniors

Le 21 septembre dernier, le journal 60 millions de consommateurs a organisé conjointement avec France Assos Santé (UNAASS) et Santé Clair, une conférence de presse intitulée :

Réviser les ordonnances à rallonge chez les séniors pour diminuer les risques

Cette conférence fait suite à une étude menée sur un échantillon de 155 000 patients, sur 3 mois. Les particularités de ces personnes sont qu’elles prennent quotidiennement plusieurs médicaments et qu’elles ont 65 ans et plus. Cette étude s’est faite via 2 600 pharmacies.
Cette étude a été sous-traitée par Open Health, une société spécialisée dans la collecte et l’analyse de données de santé.
Cette étude a mis en lumière plusieurs problèmes :

□ Seulement 16 % n’ont qu’un seul médecin prescripteur (la moyenne est d’environ 2,6).
□ Les 154 292 personnes « polymédiquées » consomment, sur le trimestre, de 7 à 58 médicaments différents ce qui représente en moyenne :
□ 14,4 médicaments différents par patient (prescrits et automédication),
□ 13,6 médicaments différents par patient (si on ne prend pas en compte l’automédication).
□ Les médicaments totalement déremboursés par l’assurance maladie, au service médical rendu (SMR) insuffisant, représentent 5 % des médicaments dispensés.
□ Les SMR faibles (vignette 15 %) représentent 6 % des dispensations, avec un moyen de prescription de 95 %.
□ Près de 9 patients sur 10 sont confrontés à plus de 3 associations médicamenteuses à risque tels que : prise combiné d’antihypertenseurs, consommations abusives d’anti reflux gastriques, psychotropes, diurétiques, posologie inadaptée d’antidiabétiques (la metformine contre indiquée pour les insuffisances rénales), risque d’hémorragie suite à l’association d’un anticoagulant et d’anti-plaquettes.
L’Etude est très intéressante et peux servir de base de travail pour des propositions d’amélioration dans la prescription et la délivrance de médicaments. Cependant, nous ne partageons pas totalement les propositions de France Assos Santé (UNAASS) et Santé Clair qui préconise un renforcement de la coordination des soins par le tout « numérique » avec l’instauration du « Blue Button » comme aux Etats-Unis.

Le « Blue Button » est une application utilisable par les citoyens américains, qui leur permet de télécharger leurs données de santé et ainsi d’y avoir accès. Une fois les données de santé renseignées et téléchargées, elles peuvent être imprimées, enregistrées sur un ordinateur ou dans un « Cloud ». Le dossier téléchargé peut également être importé vers d’autres outils de gestion de santé personnelle.
D’abord réservée aux vétérans, l’application s’est ensuite généralisée. Aujourd’hui on estime qu’environ 100 millions de citoyens américains utilisent le Blue Button et peuvent donc avoir accès à leurs données de santé par ce biais.
Ainsi, les partisans du « Blue Button » estime que c’est un moyen pour le patient de mieux prendre en main sa santé. Il permettrait de :
□ contrôler les informations de santé,

□ les partager avec un médecin, un soignant ou n’importe quelle personne de son choix.
□ Une fois le « Blue Button » installé, il y a une variété d’applications et de services de santé que l’on peut utiliser pour analyser les données de santé.

Pour INDECOSA-CGT, cela pose plusieurs problèmes tels que la garantie des données personnelles, le risque de voir ces données exploitées à des fins commerciales voire permettre à des assureurs et des organismes financiers d’identifier les personnes dites à risques. Améliorer la coordination des soins entre médecins, spécialistes et officines est essentiel mais encore faut-il que chaque ordre ou corporation joue le jeu. Cette étude met trop facilement en avant la responsabilité du patient et pas assez les professionnels. Les pharmaciens perçoivent désormais une prestation d’honoraire pour chaque boîte vendue. Remplissent-ils tous ce rôle de conseil en échange d’une rémunération ? Pour le moment, aucune étude n’a été rendue publique sur la question. Quels risquent encourent réellement les praticiens qui prescrivent des médicaments de manières disproportionnées ? En 2005, plus de 10 millions de boîte de « Mediator » ont été prescrites dont une bonne partie hors autorisation de mise sur le marché (AMM). A ce jour, aucune sanction n’a été prononcée à l’encontre des praticiens. En ce qui concerne les laboratoires pharmaceutiques, là encore les sanctions ou mesures correctives sont quasi inexistantes. L’étude ne dit rien sur les patients qui se sont trompés dans leur traitement parce que le labo a changé unilatéralement la forme, la couleur d’un médicament. Enfin, comment ne pas évoquer L’affaire du « levothyrox » et le remplacement des excipients existants par d’autres sans procéder à des essais cliniques complémentaires.

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